Rendre l’IA tangible

Je me suis demandé comment introduire l’intelligence artificielle dans cette première leçon sur le portail KI-Léierbud. Devais-je commencer par l’histoire de l’IA, qui remonte à 1943 ? Par la présentation des pionniers de l’IA d’hier et des acteurs dominants d’aujourd’hui ? Par une explication des technologies de base ? Ou encore par une liste des avantages et des risques associés à l’IA ?

Et puis, je me suis souvenu d’une idée marquante : il y a trente ans, mon ancien collaborateur Patrick Hansen a conçu le Cube Internet, un objet tangible pour rendre concret un concept alors encore flou — le world wide web.

Cube Internet version 5

Ce cube a connu un grand succès et a largement contribué à la diffusion et à l’adoption rapide d’Internet au Luxembourg.

Alors, pourquoi ne pas suivre la même approche avec l’IA ?

Je vais donc commencer par le tangible : les applications concrètes de l’intelligence artificielle. Et puisque ChatGPT est devenu, pour beaucoup, le visage le plus accessible et le plus connu de l’IA, je vais d’abord expliquer comment cet outil peut aider les gens dans leur vie quotidienne.

ChatGPT a été lancé en novembre 2022 par la société OpenAI en tant que version préliminaire gratuite. Il a rapidement gagné en popularité grâce à sa capacité à générer du texte de manière conversationnelle et de haute qualité. En l’espace de seulement deux mois, ChatGPT est devenu l’une des applications informatiques à la croissance la plus rapide de l’histoire, dépassant les 100 millions d’utilisateurs.

OpenAI a régulièrement amélioré la version gratuite de ChatGPT, tout en introduisant des formules d’abonnement payantes offrant des versions plus avancées et mieux adaptées à des besoins spécifiques. Parallèlement, de nombreux autres acteurs sont entrés sur le marché de l’IA, et la progression des compétences et des performances de ces outils est devenue exponentielle.

En mars 2024, une première étude d’envergure sur l’usage de l’IA par le grand public a été publiée par Marc Zao-Sanders dans la Harvard Business Review. En mars 2025, l’auteur a proposé une mise à jour de cette recherche sous la forme d’un article en libre accès, sous licence Creative Commons Attribution.

Illustration de Marc Zao-Sanders 2025

Enfin, en juillet 2025, la société luxembourgeoise Quest a présenté les résultats d’un sondage spontané sur l’attitude de la population résidente face à l’intelligence artificielle.

Les conclusions issues de ces trois études m’ont permis de dresser un aperçu fidèle de l’évolution des usages et des applications de l’IA dans la vie des gens.

LetzAI : AARON

J’ai utilisé les images produites par l’application de Ray Kurzweil pour entraîner un modèle public appelé @aaron_by_harold_cohen sur la plateforme luxembourgeoise LetzAI. Les images qui suivent illustrent certains des résultats fascinants issus de cette collaboration, démontrant l’impact durable de l’œuvre de Cohen et les possibilités intrigantes de l’intelligence artificielle dans le domaine des beaux-arts.

Ray Kurzweil : AARON

Ray Kurzweil, éminent informaticien et futurologue américain, contribua à prolonger l’héritage de Cohen dans l’ère numérique en développant en 2000 un économiseur d’écran basé sur AARON, destiné aux ordinateurs sous Windows.

J’ai réussi à installer et à exécuter ce programme sur un de mes anciens ordinateurs. J’ai réalisé la vidéo ci-avant avec cette application moyennant des copies écran en temps réel. La galerie qui suit montre quelques images générées.

Pamela McCorduck : AARON

Pamela Ann McCorduck (1940 – 2021) était une auteure américaine, née au Royaume-Uni, connue pour ses ouvrages portant sur l’histoire et la portée philosophique de l’intelligence artificielle, l’avenir de l’ingénierie, ainsi que le rôle des femmes dans la technologie.

Elle commença sa carrière en collaborant avec le professeur Edward Feigenbaum, qui deviendrait par la suite l’un des pionniers des systèmes experts. Elle enseigna dans plusieurs universités et publia, en tant qu’auteure ou co-auteure, plusieurs romans et ouvrages en lien avec l’intelligence artificielle. Voici une sélection de ses œuvres :

  • Machines who think (1979)
  • The Fifth Generation: Artificial Intelligence and Japan’s Computer Challenge to the World (1983)
  • The Universal Machine: Confessions of a Technological Optimist (1986)
  • AARON’s Code : Meta-art, Artificial Intelligence, and the Work of Harold Cohen (1997)
  • This Could Be Important: My Life and Times with the Artificial Intelligentsia (2019)
Aarons Code 1997

Plongée en Australie : KLING

Suite à la génération de la première vidéo au sujet des aventures des jeunes explorateurs avec l’outil IA VIDU Studio, j’ai utilisé les mêmes images et les mêmes prompts pour tester un deuxième générateur vidéo, Kling.AI. Développé par la société chinoise Kuaishou Technology, l’outil KLING a été officiellement lancée le 6 juin 2024. Les fonctionnalités principales sont la génération de vidéos à partir de texte ou d’images (text‑to‑video et image‑to‑video) jusqu’à 2 minutes en 1080 p à 30 fps, ainsi que l’extension de vidéos existantes.

La comparaison de la vidéo KLING ci-après avec la vidéo VIDU de l’article précédent permet de comparer les forces et faiblesses des deux outils.

Aujourd’hui, il existe une pléthore de générateurs vidéo qui dépassent largement les performances des premiers outils IA. Le lecteur intéressé va les découvrir dans un article renseignant sur les différents modèles IA.

Les bras robotisés MAKO, ROSA et VELYS

En 2016, le département d’Orthopédie des Hôpitaux Robert Schuman a été le premier service au Grand-Duché de Luxembourg à avoir introduit le bras robotisé MAKO pour offrir aux patients une solution personnalisé et sécurisé pour l’arthrose de la hanche et du genou. Pendant la phase pré-opératoire, un modèle en 3 dimensions de l’articulation atteinte est généré pour planifier la pose précise d’une prothèse. Le bras robotisé MAKO est un robot semi-autonome qui ne peut pas fonctionner seul et nécessite en permanence la présence du chirurgien et de l’ingénieur technique pour pouvoir être actif.

En octobre 2021, le service d’orthopédie du CHL s’est équipé d’un assistant chirurgical robotique ROSA KNEE. En prenant en compte l’anatomie et la résistance des tissus mous du genou de manière individuelle pour chaque patient, le robot ROSA KNEE permet une chirurgie personnalisée. Son avantage principal est d’aider à optimiser le positionnement de la prothèse, favorisant ainsi la récupération rapide des patients après l’intervention.

En mars 2024, c’était le tour de l’Hôpital Emile Mayrisch d’introduire un bras robotisé. Le service d’orthopédie au site de Niederkorn fut l’un des premiers hôpitaux en Europe à utiliser la solution robotisée suisse VELYS™. Ce robot chirurgical compact est destiné à la pose d’une prothèse totale de genou.